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CONFERENCE |
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Fin d'après-midi couverte sur la capitale, et sur le quartier
très animé de la gare du Nord. C'est dans le hall d'un véritable
palace, où nous avons rendez-vous avez le Metal God, que nous
commençons par croiser Monsieur André " Dédé " Matos, tout sourire,
en promo pour Shaman. Le quartier est vraiment bien fréquenté
! C'est au premier étage, dans un petit salon que nous sommes
reçus par Olivier Garnier, qui en grand maitre de cérémonie, pose
la nouvelle galette de Halford dans la platine… Première impression
: le son est énorme ! La production de Roy Z est une fois de plus
irréprochable. Après une petite intro athmosphérique, les choses
sérieuses commencent, les morceaux sont rapides, puissants, et
le sieur Halford n'a jamais aussi bien chanté… Puis vint l'arrivé
du metal god...
Rob Halford : Je peux commencer en disant que Le Pen
est un trou du cul ? (sic)
Pourquoi cet album est-il si différent
de Ressurection ?
Ressurection a été un énorme succés, l'enregistrement et la tournée
qui a suivi furent pour moi de très bons moments. J'ai un groupe
fantastique, nous avons fait le tour du monde, des centaines de
concerts… c'aurait été très simple de se dire " bon, ça a bien
marché, on fait Resurrection 2 ! ". C'est pas comme un film, quand
ça a bien fonctionné, on en fait la suite, qui n'est jamais aussi
bonne que le premier. Ce que j'ai fait sur cet album est de garder
les meilleurs éléments de Ressurection, comme vous venez de l'entendre,
cette énergie, cette hargne, mais nous avons aussi fait mûrir
notre musique. Je suis très content du résultat, et ce sur plusieurs
points. Pour ma voix, ce fut ma meilleure expérience avec Roy
comme producteur ; j'ai fait plus de choses sur Crucible, pour
montrer que ma voix a encore progréssée. Je voulais explorer mon
potentiel vocal. Pour ce qui est des instruments, je pense que
si nous avions sortis un album avec le même son de guitare de
batterie, ce n'aurait été qu'essayer de reproduire la même formule
que pour Ressurection. Une bonne formule certes, mais ce n'est
pas ce que les fans attendent. Les vrais fans veulent une évolution.
Ceci est mon 21ème album, et j'ai essayé de faire quelque chose
de plus poussé. A une autre époque, de Rocka Rolla à Painkiller,
on a essayé d'être le plus diversifié possible. Crucible est juste
la continuation de toutes les choses que j'ai faites depuis.
Qui à composé les morceaux sur cet
album ?
C'est un autre point important de Crucicle. Je le considère plus
comme un album fait par un groupe, une réelle collaboration. Ce
qui n'était pas le cas sur Ressurection : les morceaux étaient
déjà tous parfaitement calibrés, avant que nous ne commencions
à répeter. Cette fois, c'est une vraie composition de groupe,
avec les deux guitaristes et moi, un cliché de ce que le groupe
est capable de faire aujourd'hui.
Quel sont les grands thèmes de Crucible
?
Sur Resurection, l'approche était plus personnelle, je parlais
de moi, de mes impressions en tant que musiciens. Sur Crucible,
je regarde les évenements et les situations, tout ce qui se passe
dans notre monde et qui m'affecte. Je parle de pleins de choses,
du proche orient, le dernier morceau " trail of tears " raconte
la vie dans un camp de réfugiés, ou les gens risquent leurs vies
sur des boats-people, des mexicains qui meurent en passant la
frontière, en général des gens qui traversant le désert à la recherche
d'une vie meilleure. " Wrath of God " traite des tragiques évènements
du 11 septembre, " Crucible " de conflits religieux. Pour moi
ce disque a un ton sérieux, si on regarde bien les textes. J'aimerai
vraiment faire passer un message à travers cette musique. Mais
je n'aimerai pas que l'on dise : " cet album est ce que pense
Rob du monde en ce moment ", c'est juste un moyen pour moi d'exprimer
des émotions.
Pense-tu justement que se soit important
pour les artistes d'avoir une espèce de conscience sociale ?
Pour les chanteurs, je pense que oui. Par exemple Brian d'ACDC
écrit de bons textes, c'est son monde. Mais si tu regarde toutes
les choses que j'ai faites, tu peux voir que c'est mon sentiment
a propos de la musique en général : je pense que c'est une opportunité
de dire plus de choses pour toucher un large public. Donc je ne
dirais pas que c'est important, mais cela reste intéressant. Je
ne fais pas parti de ces gens qui se servent de la musique comme
une plate forme de révolution sociale, certains groupes en abusent,
pour moi, je veux juste être un chanteur dans un groupe de métal.
Tu as dis que cet album est un réel
effort collectif. Quel fut le rôle précis de chacun des membres
?
En fait, je pense qu'il était vraiment important cette fois que
je m'implique réellement avec une équipe de musiciens, que je
me prouve à moi-même que je peux composer, diriger, prendre l'avis
de chacun. Je veux conserver un certain niveau de responsabilité
vis avis de ma musique, maintenir cette qualité que les fans sont
en droit d'attendre de moi. Ils m'ont surnommé " Metal God ",
je ne sais si c'est toujours vrai, mais c'est dur à porter, c'est
une pression supplémentaire pour moi qui veux toujours faire mieux.
Cela m'aide à garder la foi, à faire la meilleure musique possible.
J'ai la chance d'avoir deux très bons guitaristes, aux styles
très différents et complémentaires, qui m'ont vraiment aidé dans
le processus de composition. Mike est polonais et a ce style très
Européen, à l'inverse de Pat, qui est un pur produit de la West
Coast américaine, avec son approche incisive et " hard-crunching
", Bobby est un excellent batteur, avec une technique irréprochable,
versatile et puissant, comme il le prouve sur cet album. Ray est
un bassiste très complet, qui peut jouer n'importe quel style
à la perfection. Ce groupe est comme une équipe de foot,
soudée en défense et efficace en attaque. Notre entraineur et
producteur Roy Z est quelqu'un d'indispensable, comme il l'a été
pour Resurrection. Il prend toutes les parties et les mets ensemble,
sans perdre de vue le résultat qu'il s'est fixé. On peut le comparer
à Rod Smallwood, qui a toujours vécu dans le métal, qui peut saisir
n'importe quelle partie de guitares et en faire une légende de
l'histoire du métal.
Tu as joué l'an dernier au Rock In Rio
III, devant des centaines de milliers de gens, pense-tu que c'était
le retour à l'âge d'or du métal, où les groupes remplissaient
des stades ? Quel fut la réaction des autres membres du groupe
?
Je pense qu'ils ont vraiment assuré. Ils ont fait preuve d'un
grand professionnalisme. C'est ce que je voulais lorsque j'ai
monté ce groupe : Je leur ai dit " on pourra jouer dans de petits
clubs, devant 500 personnes, mais aussi dans de grands festivals
comme a Rio, devant une marée humaine. Je veux que vous vous donniez
toujours a fond ". C'est ce qu'ils ont fait, et ce fut vraiment
formidable. Ce fut des moments extraordinaires pour le groupe,
tout a été filmé, et nous avons été reconnus comme groupe à part
entière. Nous avons fait le tour du monde, Rio, Madison Square
Garden, Tokyo… partout le métal était encore vivant, tout du moins
le métal traditionnel, tel que je le joue depuis quelques années
maintenant !!
Peut-on espérer vous voir en Europe
bientôt ?
Oui, quand je retournerai à L.A la semaine prochaine, je retrouverai
le groupe, qui est déja en train de répéter, en vue de préparer
notre prochain concert du 27 juin en Suède. Nous ferons
ensuite le Gods of Metal de Milan, avant de faire les grosses
pointures allemandes de l'été. Nous irons ensuite en Bulgarie,
où je ne suis jamais allé, aux Etats Unis en tête d'affiche, et
encore l'Europe, et sans doute à Paris vers la fin de l'année.
Que penses-tu du side-project de ton
batteur ?
Hein ? De quoi tu parles ? De Bobby ?
Oui, il joue avec son frère…
Ah ? Je n'étais pas au courant. Faudra que je m'y intéresse !
Bobby est un gars si discret, il ne m'a rien dit. Je l'appellerai
et lui demanderai une cassette ! Tout le monde a le droit de faire
des trucs a coté, Pat joue dans Diesel Machine, Mike a un groupe
dans le New Jersey. J'aime sentir que mon groupe fait ce qu'il
a envie de faire. C'est génial pour eux, qu'ils gardent une certaine
ouverture d'esprit, qu'ils se sentent libres.
A quoi ressemblera le clip de " Betrayal
" ?
Alors… c'est un sacré problème ! Tu sais quand le réalisateur
t'envoie un story-board avec sa vision des choses, ça ressemble
plus à Spinal Tap qu'a du vrai cinéma !! En fait, il a
mis le morceau, il a fermé les yeux…et voilà, on verra ce qui
va en ressortir. Personnellement, je voudrais que ce soit une
vraie performance live du groupe, car nous sommes très bons sur
scène, je pense que cela ressemblera à celui de " Made in Hell
". C'est une opportunité pour nous de montrer ce qu'on peut produire
sur scène. Mais si le réalisateur a une bonne idée sur l'ambiance
ou les décors, il faut voir…c'est un morceau très fort et très
intense, qui a un message de hargne, d'agressivité en vers les
choses de la vie, qu'il ne faut pas subir, mais contrôler au mieux.
Les musiciens de ton groupe font parti
de la jeune génération…
Je suis si vieux que ça ? La moyenne d'âge du groupe est aux alentours
de la trentaine, et ce qu'ils font est très bien…. Mais je t'en
prie, finis ta question !
Euh, je pense que tu leur as beaucoup
apporté en terme d'expérience, mais toi, que t'on-t-ils apporté
? Je pense que tout contact avec de nouveaux musiciens
est une bonne expérience. Avec des techniques et des influences
variées, ils ont tous été élevés avec Black Sabbath, Judas Priest…
la première fois que nous nous sommes vus, on a essayé de mixer
au mieux nos visions du métal, que tous le monde se sente à l'aise,
c'est comme ça que nous avons réussi à prendre le meilleur de
chacun.
Pourquoi avoir sorti un album live un
an à peine après la sortie de Ressurection ?
En fait, durant la tournée de Ressurection, nous avons enregistré
tous les concerts, et en les écoutant après coup, j'ai trouvé
très intéressant la façon dont le public nous reçu partout dans
le monde. Parallèlement, je fêtais mon 30ème anniversaire en tant
que musicien, je voulais faire un cadeau aux fans mais pas un
double best of comme on voit partout. Si tu écoute ce live du
début à la fin, c'est un voyage, qui explique pourquoi je fais
du métal et depuis tant d'années. Ce n'était pas un truc du genre
: " bon, on a sorti quatre albums studio, il est temps de faire
un live ! ". C'était juste un moment très spécial, et je pense
que les fans l'ont apprécié. C'est un moyen de conserver un souvenir
de la tournée sur laquelle ils ont vu Halford et son groupe. C'était
aussi une bonne base pour nous pour envisager le prochain album.
Revenons à Crucible, cet album est très
éclectique…
Oui, on a pris un peu de tout, du thrash, des ballades (un peu),
pour en faire un mélange a nous. C'est un album très complet en
somme. Si tu regarde ma carrière, j'ai toujours essayé de nouveaux
trucs. C'est important, je pense, de garder l'esprit ouvert, et
de faire du métal une musique regroupant un maximum d'influences.
Bien sûr, cela sonne comme du métal d'aujourd'hui, avec une très
bonne production, mais il a un sens plus profond. Je l'ai fait
écouter à Rod Smallwood il y a quelques semaines, il a mis une
semaine pour le découvrir, et depuis il adore !
Il y a deux bonus pour la version américaine
de l'album, pourquoi, pas pour les Japonais ou même pour l'Europe
?
Ah, c'est juste du marketing, tout ça…il faut toujours faire attention
aux fans et ceux à tous les coins du monde ! Les Japonais veulent
des morceaux inédits pour décourager les imports, donc ils ont
quelque chose que tous les autres veulent… on s'en sortira jamais,
et je pense que les Japonais vont arrêter ce genre de pratiques.
Maintenant avec les mp3…pffff, j'étais au Japon il y a quelques
jours, l'album est déjà sur le Net, des gens l'avaient déjà pratiquement
en entier. Ces pratiques me fatiguent, j'ai juste envie de faire
de la musique et d'en vivre. Je pense que les gens sont intelligents.
Que penses tu des remasters de Judas
Priest ?
Eh bien on ne m'a rien demandé, je n'ai jamais été appelé, j'ai
juste reçu le box, qui est très beau. J'ai juste reçu les cd par
la poste !! J'ai ouvert ma boite aux lettres et " Oh, un nouvel
album de Judas Priest ! " Mais je pense que c'est une bonne idée,
des titres en plus, un nouveau package…
Quel fut ta réaction lorsque tu as
appris que Judas Priest ne voulais pas jouer aux même festivals
que toi ?
Non, c'est moi qui l'ai fait. Parce que cela aurait mal tourné.
Les gens n'ont pas besoin de ça. Personnellement j'aurai bien
voulu, mas je pense que les fans l'auraient mal compris : il y
aurai eu des rumeurs, …
Qu'attend-tu de l'avenir ?
Euuuhh…… que l'album marche ! et……….. bosser dans un Mc Do ou
un Burger King pourquoi pas !! (Nombreux rires…) non, ne riez
pas ça coûte très cher de faire un album ! Et c'est moi qui paye….
Non, je pense que l'album va marcher, que la tournée sera fantastique.
C'est un cycle, et on en reviendra au début une fois de plus :
un album, une tournée, on se repose et on repart ! Tout ce que
je veux faire, c'est mieux qu'avant, m'améliorer sans cesse. Après
trente ans de carrière, c'est comme les Rollings Stone ou Judas
Priest. C'est génial de composer de nouveaux morceaux, de tourner,
tout ça…
Une dernière question : Il y a deux
ans, lors d'une conférence de presse à Paris, tu as dit " un jour,
je reviendrai chez Judas Priest ". Ils le savent, tu le sais,
Ils se débrouillent bien, tu fais ton chemin… Où en est tu maintenant,
deux ans plus tard ?
Au même endroit ! Dans un hôtel différent peut-être… (rires).
Mes sentiments n'ont pas changés, j'adorerais, non pas retourner
avec eux, mais plutôt faire quelques concerts, alors maintenant,
est-ce possible ? Si cela doit se produire, ce serai très embarrassant
pour tout le monde : Je veux rester avec mon groupe, je suis sur
que Ken et Glenn apprécient beaucoup ce que fait Tim… est-ce possible
alors ? Si Tim veut prendre quelques vacances, alors peut-être
je verrai avec mon groupe. Ce serait bien, mais les gens se diraient
" cette fois il doit rester… ". Ce serait déplacé. Je veux juste
garder certains contacts avec eux. Je n'ai pas parlé avec Glenn
depuis… le dernier concert…fin 1991 je crois. On ne s'est pas
parlé depuis 10 ans. Ah si une fois ! A Los Angeles quand je bossais
sur Ressurection, une conversation formidable, cinq minutes au
téléphone… la vie de groupe est vraiment difficile, un jour ça
va, le lendemain ça va plus… Voilà, alors si ça peut se
produire pourquoi pas, mais je ne leur ai jamais parlé depuis.
Qu'en est-il du projet avec Bruce Dickinson
et Geoff Tates ?
Oh, c'était juste un truc qui est venu trop vite. C'était lors
d'un concert Pavarotti, et ses 3 Ténors, j'ai eu l'idée de faire
un truc avec d'autres chanteurs. J'écoutais le dernier Queensryche
et le dernier Maiden, et je me suis dis pourquoi pas… j'en ai
parlé à Rod, et … les idées fusent dans son cerveau comme des
feux d'artifices ! Il pensait déjà au design de l'album, aux logos
des t-shirts, aux salles qu'il fallait réserver pour la tournée
mondiale… je lui ai dit " Rod, c'est juste une idée… !" (Rires).
Et quelques mois plus tard, on enregistre un morceau tous les
trois ensemble. Mais, de retour dans la réalité, chacun a son
emploi du temps, malheureusement chargé, c'était juste l'idée
de mettre tout le monde ensemble. Je ne pense pas que l'on puisse
continuer. On aurait pu faire un concept album, Bruce reprenant
du Priest, moi chantant Run to the hills… on aurait chanté tous
les trois des compositions originales… c'aurait été génial, mais
on a pas le temps. Ce qui est sur, c'est que Roy l'aurait produit.
Il aurait regroupé tout le monde à Londres, avec un groupe de
superstars. Sur scène devant 300 000 personnes… mais ce ne sont
que des projets, pour le futur, qui sait ?
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