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INTERVIEW

- Pouvez-vous nous dire ce qui a motivé le choix du nom de votre groupe ?
Le choix d'un nom pour son propre groupe est toujours délicat et il faut souvent passer par plusieurs noms avant de trouver le bon. Nous cherchions un mot court et efficace et notre choix s'est porté sur le titre d'une chanson que nous aimions tous particulièrement. Je vous laisse deviner de quelle chanson il s'agit… Tout ce que je peux vous dire c'est que c'est un titre injustement méconnu d'un grand groupe de heavy-thrash qui était excellent au début des années 90. Vous avez trouvé ? En tout cas, il ne faut pas chercher de signification particulière derrière notre nom… Avec du recul, on peut quand même dire que ce " point de rupture " correspond assez bien à notre volonté d'être à contre-courant du métal qui se fait à l'heure actuelle.

- Pouvez-vous faire une présentation de Breakpoint ?
BREAKPOINT voit le jour en novembre 1994 autour de Mathieu ( guitare ), Seb ( guitare et chant ), Steph ( batterie ) et Romain ( basse ). Pendant deux ans, le groupe joue presque exclusivement des reprises de standards du heavy metal puis, peu à peu, se met à la compo. Entre août 96 et fin 97, BREAKPOINT enregistre deux premières démos et effectue une quinzaine de concerts en Bourgogne. Début 98, le groupe passe la vitesse supérieure en embauchant un vrai chanteur ( Pierre ), c'est à ce moment que je prends le poste de bassiste. Pendant l'été, nous enregistrons un premier 6 titres au Bichon home studio et nous faisons quelques concerts à Dijon et Mâcon. Nous entrons à nouveau en studio en mars 99 pour mettre en boite deux nouveaux titres et en 2000 nous réalisons un quatre titres qui est pour nous le premier " vrai " BREAKPOINT. Une vingtaine de concerts plus tard, nous entrons une fois de plus au Bichon home studio pour enregistrer la démo de notre premier album None To Sell qui est quant à lui enregistré début 2002 au P'n'F studio à Châlons-en-Champagne sous la direction de Fred Rochette ( Fifty One's ). Vous savez tout !

- Vous allez sortir votre 1er album "None to sell". Pouvez-vous nous en parler ?
Comme je vous l'ai dit, nous avons enregistré et mixé None To Sell au début de l'année chez Fred Rochette. Cet album est pour nous l'aboutissement de plusieurs années d'efforts et de travail de composition. Nous sentions qu'il était temps de passer ce cap. C'est un album de heavy thrash sans aucun doute mais qui se révèle finalement assez varié… Au fil des années nous avons emmagasiné les influences et progressivement affirmé notre style. Toutes ces chansons représentent donc une bonne illustration de ces évolutions. A vous de les remettre dans le bon ordre chronologique pour en dégager le sens ! Je pense que cet album est dynamique et frais, c'est assez caractéristique des premiers albums en général…

- Etes-vous entièrement satisfait du résultat final, ou est-ce qu'il y a des détails que vous auriez bien changés ?
Bien sûr nous sommes très content de permettre à cet album de voir enfin le jour et, dans l'ensemble, nous pensons qu'il représente le meilleur de ce que nous pouvions donner. C'est vrai que quelques détails de production nous gênent un peu aujourd'hui mais cela reste des détails ! Fred à compris ce que nous cherchions : un son thrash et gras à la fois. Maintenant l'album ne nous appartient plus et c'est à vous de juger les faiblesses et les forces de None To Sell. J'espère que celui qui y jettera une oreille sera agréablement surpris et qu'il comprendra où nous voulions en venir. La patate de cet album est indéniable. Et oui… mais ne comptez pas sur moi pour attirer votre attention là dessus ! Prenez l'album comme il vient… De toute façon, il est certain que nous manquons de recul sur notre propre travail. Nous essayerons de faire en sorte que notre prochain album soit encore plus proche de ce que nous cherchons.

- De quoi parlent les chansons de l'album ?
Je vais encore vous décevoir en répondant un peu comme la plupart des zicos face à ce type de question ! Les textes sont très personnels et même intimiste ; je pense que chacun peut les interpréter à sa manière. Disons qu'ils sont en général assez sombres et pessimistes. Seb, qui écrit la plus grande partie des textes, aime les figures de styles, les jeux de mots et la littérature anglaise. D'un point de vue artistique et rhétorique ils sont donc assez complexes et bien construits. Lui-même a parfois du mal à nous expliquer le fond de sa pensée car il se livre énormément dans ce qu'il écrit. Passez donc une heure ou deux avec lui pour cerner le personnage… lol

- Ou pourra-t'on se le procurer ?
None To Sell est distribué par United Musics Company et bénéficiera donc d'une large distribution nationale. Vous pourrez donc vous le procurer dans les Fnac, Virgin, Gibert, et tous les autres magasins affiliés au réseau Starter. A ce propos, je tiens à signaler que nous marchons en partenariat avec Gibert Joseph et l'achat de l'album donne droit à un T-shirt BREAKPOINT.

- Quelles sont les groupes qui vous influences ?
C'est une question vraiment difficile ! Nous aimons énormément de groupes métal et non métal très différents. Le résultat peut s'apparenter parfois aux derniers Anthrax , Flotsam and Jetsam, Sacred Reich, Corrosion of conformity ou Overkill mais rien ne laisse penser que nous nous inspirons d'eux… Je pense que comme eux, nous aimons le hard rock psyché 70's, la NWOBHM, la scène thrash américaine des années 80 ou les groupes de power metal plus récents. Mais individuellement, nous craquons sur la folk-rock des 70's, la pop, le death metal, le speed mélodique, le stoner, le prog… Dans chaque style, quelques groupes méritent vraiment d'être connus et d'intégrer nos possibles inspirations. Vous voyez, tous ces genres sont vraiment variés. En fait, nous aimons surtout le hard rock dans son ensemble. Lors d'un concert récent, deux mecs sont venus nous féliciter en nous disant : " c'était terrible, vous devez être fans de Pro Pain et de hard-core new-yorkais !!! ". C'était marrant parce que aucun d'entre nous n'avait jamais écouté Pro Pain où même un quelconque groupe de ce style ! En fait, les influences d'un groupe ne sont pas toujours celles qu'on croit !

- Quelle est votre méthode pour écrire une chanson ?
Seb et Steph travaillent en général tous les deux en ayant déjà des structures très précises en tête ; Seb apporte la plus grande partie des idées de base. Le futur morceau est dégrossi puis il est travaillé en groupe ; nous avons des oreilles fraîches et nous pouvons mieux cerner ce qui ne va pas. Généralement, tout est mis un peu sans dessus dessous jusqu'à ce qu'on trouve une structure qui convienne à tout le monde. Ensuite intervient tout un travail d'arrangements et des idées complémentaires s'assemblent les unes après les autres sur le modèle de base. A chaque morceau correspond un esprit et nous essayons d'abord de réfléchir sur l'atmosphère finale que devra dégager le futur morceau. C'est en tout cas ce que nous essayerons de privilégier pour la composition du prochain album.

- Vous avez déjà pas mal de concerts à votre actif, quelle est la réaction du public en général ?
Pas facile de caractériser le public-type car en fonction du concert il n'a souvent pas la même composition. Vous imaginez bien qu'un public marqué black metal ou qu'un autre plus marqué speed-prog mélodique ne nous percevra pas de la même façon. En général je crois que c'est le public heavy-thrash et même hard-core qui nous apprécie le plus. Vu notre style, normal ! La réaction du public peut donc aller du froid le plus glacial aux délires les plus chauds. A mon avis, l'album est vraiment un tournant au niveau des concerts. Il suffit que quelques uns connaissent déjà ce que nous faisons pour que l'ambiance puisse réellement exploser. Jusqu'à présent, nous tournions avec presque rien et il était très rare que quelqu'un dans le public ait déjà réellement écouté du BREAKPOINT. Nous comptons donc sur les premières répercussions de None To Sell.

- Quel est votre meilleur souvenir live ?
Il arrive souvent que chacun d'entre nous ne vive pas un concert de la même façon. Parfois, certains trouveront un concert génial alors que d'autres ne seront pas satisfaits. Je sais que je suis assez perfectionniste et que j'ai du mal à trouver un concert parfait mais c'est vrai que quelques concerts restent quand même dans nos mémoires. Notre premier concert avec ce line-up à Dijon en novembre 98 reste un excellent souvenir tout comme notre première fête de la musique dijonnaise l'année suivante. Les meilleurs moments et les publics les plus sympathiques nous les avons trouvés à Troyes en juin 99, à Lyon en mars et au Havre en décembre 2000 ( même si nous avons fini la soirée au commissariat du coin parce qu'on nous avait pillé notre camion pendant le concert…( rires ) ). Plus récemment nous avons beaucoup apprécié le festival d'Eloyes en août dernier avec Dyslesia, Malédiction et Chrysalis. Difficile de ne choisir qu'un seul de ces moments. Je retiendrais peut-être quelques images de notre concert sur les marches du théâtre de Dijon en juin 99. Le cadre, le public, le feeling… tout y était.

- Le plus mauvais ?
Sans aucun doute, mes pires souvenirs de concerts sont nos deux gigs marseillais en mars et novembre 2000 avec Biocide, ETHS et Syrinx. L'ambiance était tellement froide que j'aurais donné n'importe quoi pour être ailleurs à ce moment là ! Seulement une ou deux personnes au milieu du public prenaient la peine d'applaudir entre les morceaux, alors qu'à mon goût nous étions plutôt bons, c'était un cauchemar ! Je me souviens d'un autre concert assez terrible qui s'est finalement plutôt bien terminé. C'était au fin fond de l'Ain en plein hiver il y a quelques années. Nous étions tombés sur un patron de bar bien pourri qui n'avait fait aucune pub, qui avait divisé notre cachet par deux et nous menaçait de ses potes motards si nous bronchions. La salle était complètement vide à 21 heures et nous étions dégouté d'avoir fait autant de route pour rien. Sans nous prévenir, ce type avait engagé un petit groupe local pour faire notre première partie sur notre matos ! Finalement nous avons fait une cinquantaine d'entrées et le concert ne fut pas trop mauvais. Le meilleur souvenir de cette soirée reste notre nuit passée sur place : à trois heures du mat' en pleine cambrousse par moins 5, déneiger le bord de la route pour caser notre remorque, casser un carreau pour rentrer dans le chalet vide et glacé qu'on nous avait prêté avec la mauvaise clé, dormir entassés autour d'un petit radiateur électrique… C'était rock'n'roll…

- Faites-vous des reprises ? Si oui lesquels ?
Entre nous il nous arrive très souvent de reprendre quelques mesures de groupes qu'on adore. Par le passé, nous concluions parfois nos concerts par Hit the light ou The Four horsemen de Metallica, le public apprécie généralement… A part ça, je me souviens de quelques Pulling teeth du même groupe, Holy wars de Megadeth, N.I.B. de Black Sabbath et même d'un fameux bout de Cleen my wounds de C.O.C…. Actuellement, nous finissons la plupart de nos concerts par Me, un titre récent de Flotsam and Jetsam. Nous adorons vraiment tous ce groupe et ce morceau est une tuerie… Avant 98, le set-list de BREAKPOINT était presque entièrement composé de reprises de Metallica, Megadeth, Iron Maiden, Black Sabbath et de tous les autres grands classiques du hard rock. Nous réfléchissons quant à de futures reprises… pourquoi pas un petit Overkill ou un petit C.O.C. … nous verrons.

- Que pensez-vous de la scène metal en France ?
A mon avis, depuis les années 80, la scène métal en France n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui. Il suffit de voir le nombre de groupes français de qualité sur le marché ! En fait cela tient au véritable renouveau que la scène métal connaît depuis les années 95-96. Avec l'explosion du black metal, la renaissance du speed métal plus ou moins prog et la vague néo metal / hard-core la France connaît un renouvellement important en terme de groupes. Ce qui est triste c'est que tous ces groupes souffrent d'être français au plan international. Combien d'entre eux vendent réellement à l'étranger ? Leur nombre est ridicule. Même en France, les fans préfèrent se tourner vers des groupes anglo-saxons, nordiques ou germaniques. Je crois que la culture musicale des Français est en général très pauvre et dès la création du rock'n'roll dans les années 50, ils n'étaient capables que d'acheter du Sheila et plus tard du J.J.Lionel ( vous ne vous souvenez pas de la danse des canards ?). Nous sommes loin d'être en pointe comme en Allemagne ou dans les pays nordiques là où l'ouverture d'esprit est suffisante pour voir un Children of Bodom en tête des charts. Il est vraiment dommage que l'étiquette métal soit dévalorisante en France alors que tant de groupes méritent d'être soutenus et exportés. Passons Jean-Pascal par les armes avec tout son public !!! A quand un titre de Nihil en boucle sur la FM ?

- Pensez-vous qu'internet soit un bon moyen de promotion pour un groupe ?
Si Internet n'est pas un bon moyen de promo, répondre à cette interview aurait été une perte de temps ! Je pense que le jeune public se tourne de plus en plus vers le Net et que les Webzines ont autant d'intérêt que les traditionnels Fanzines. Se servir des nouveaux moyens de communication est un excellent moyen d'être dans son temps : ce ne sont pas vos lecteurs qui diront le contraire.

- Pouvez-vous nous donner votre avis sur les fichiers mp3 et les copies de cd ?
Quand je pense à tout le pognon que se sont faites les maisons de disques depuis 50 ans, j'ai plutôt du plaisir à les voir se remettre en question. A la base, il n'y a que très peu d'artistes qui peuvent vivre de leurs ventes de disques ; à la limite la diffusion de ce qu'ils font par copies interposées est, dans un premier temps, on ne peut plus positif ! Au début des années 80, on pouvait lire sur certains vinyles la mention " copier la musique tue le disque ". Ca s'est révélé être une belle connerie puisque l'industrie du disque n'a jamais été aussi florissante depuis la création de la cassette vierge… Si ça peut inciter les maisons de disques à proposer des produits plus attrayants, à baisser leurs prix, à augmenter la part de l'artiste et à sortir moins de soupe c'est tout bénèf ! De toute façon, le français moyen achète un disque et demi en moyenne par an alors… Après, c'est une question de conscience personnelle. J'ai moi-même un graveur mais je préfère largement posséder les originaux des disques que j'aime vraiment, c'est un choix. L'objet est quand même beaucoup plus agréable à manipuler qu'une vulgaire copie… En gros, je ne copie que ce qui est rare, trop cher ou introuvable : les pirates, les imports et autres raretés. C'est un peu le même principe pour les mp3, si ça peut permettre de nous faire connaître, pas de problèmes…

- Et pour finir un mot pour mes lecteurs...
Que dire sinon que je les encourage à découvrir None To Sell, cet album est du pur BREAKPOINT. J'espère vous croiser à un prochain concert pour passer une bonne soirée ensemble. Soutenez le métal français ! Ciao !

Interview par mail de Thomas G, bassiste du groupe Breakpoint, réalisée par Taranis en novembre 2002.