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INTERVIEW

Interview réalisée à Paris par Will et Captain Blood le 9 mars 2002. Toutes nos excuses pour la publication online un peu tardive de cette interview… Au moins vous savez sûrement de quoi va nous entretenir Udo, car les vrais fans doivent déjà posséder l'album, et ont sûrement vu UDO sur scène il y a quelques jours ! Sachant que le petit Allemand a accordé beaucoup d'interviews, et que vous avez déjà lu diverses chroniques sur le nouvel album d'UDO, nous avons préféré passer vite fait sur l'actualité discographique du groupe, pour nous attarder sur l'homme… Visiblement, ça ne lui a pas déplu, car le bonhomme ponctue régulièrement ses phrases de grands éclats de rire à l'Allemande. Ach, ach !!!

Salut Udo ! Parlons d'abord du nouvel album d'U.D.O., Man and Machine. Doit-on le considérer comme un nouveau départ, ou plutôt comme la suite logique de ta longue carrière ?
Tu sais, j'ai déjà enregistré 8 albums avec UDO, et celui-ci est dans la continuité. Avec UDO, j'ai toujours essayé de faire vivre l'esprit d'Accept, et ce nouvel album n'échappe pas à la règle.

C'est vrai qu'en l'écoutant, on vraiment l'impression d'écouter un vieil album d'Accept, en particulier grâce à des morceaux comme " The Dawn of the Gods "… Et c'est génial !
N'est-ce pas ! (rires)

Parlons également de l'album live qui sort en ce moment : Live in Russia. On peut bien sûr y entendre des morceaux d'Accept, mais il est surprenant de noter que ce ne sont pas du tout les plus connus : il y a "Monsterman"…
… "TV War", "Turn me on", "I'm a Rebel", "Heaven is Hell", "Winter Dreams"… La raison en est que, lorsque nous nous sommes posé la question d'enregistrer un live, nous gardions bien en tête qu'il existait déjà 2 doubles lives d'Accept, sur lesquels on retrouvait déjà tous les classiques. Alors on s'est dit que, plutôt que d'apporter une énième version de " Balls to the Wall " ou " Fast as a Shark ", on pourrait en profiter pour mettre un peu en avant des titres moins connus, mais tout aussi bons. Ça permettait aussi de mettre en valeur les morceaux d'UDO, sans qu'ils soient écrasés par les megahits d'Accept. C'est tout de même un concert d'UDO !! (rires)

Pourquoi avoir enregistré un live ? Et pourquoi en Russie ?
Après l'album Holy, on s'est dit qu'on pourrait profiter de la tournée pour montrer ce que valait UDO sur scène. Comme je le disais, il y a 2 albums live d'Accept, et il n'y en avait aucun d'UDO. Le moment nous a paru opportun pour y remédier. Quant à la Russie, il faut dire que l'ambiance y est très particulière. J'y étais déjà allé 2 fois en tournée, et j'avais songé que ce serait pas mal d'y enregistrer un concert un jour. Vraiment, il y a une atmosphère très spéciale, là-bas. Et puis ça change un peu…

C'est vrai que ça change des innombrables lives enregistrés au Japon, par exemple. Ca me fait penser que les artistes n'enregistrent jamais de live dans leur propre pays. A part Axel Rudi Pell, je n'en vois aucun !?
Il faut dire qu'en Allemagne ça coûte la peau des fesses ! (rires) Et je dois avouer qu'enregistrer en Russie nous a coûté beaucoup moins cher que si nous l'avion fait ailleurs.

Ça n'était pas aussi pour la symbolique ? Dans les années 80, il était très difficile, voir impossible, d'enregistrer un concert de metal en URSS…
En effet. La première fois que j'ai joué là-bas, c'était du temps d'Accept, et nous n'avions fait qu'une seule date, à Moscou. Je n'y suis retourné qu'en 98, avec UDO, et cette fois nous avons joué à Moscou bien sûr, mais aussi à St Petersbourg, Volgograd, Vladivostok, et plusieurs autres villes… Et c'était cool de voir à quel point ça avait changé, combien le pays s'était ouvert, etc. De plus, je ne pensais pas que nous avions des fans jusque là-bas !

Tu as joué à Volgograd [anciennement Stalingrad]… Ça ne te faisait pas un peu bizarre, en tant qu'Allemand, de te trouver là-bas ?
J'avoue que je n'étais pas très à l'aise, je me sentais tout petit, même si je ne suis pas responsable de ce qui s'est passé à-bas. Heureusement, les Russes ont l'esprit ouvert, ils savent faire la différence entre passé et présent. Ils sont plus ouverts d'esprits que les Américains…

Tout le monde est plus ouvert d'esprit que les Américains ! (rire général) Question plus terre à terre :ce disque live correspond à un seul concert, ou regroupe-t-il des extraits de plusieurs dates ?
Nous avons enregistré plusieurs concerts, afin de pouvoir vraiment prendre le meilleur de chacun. La setlist changeait tous les soirs. Donc si nous avions voulu garder tous les morceaux différents interprétés sur les dates enregistrées, nous obtenions un montage qui atteignait les 3 heures ! Puis nous avons enlevé les grands classiques comme je le disais tout à l'heure, ce qui a ramené la durée du disque à 2 heures.

Comment était le public ? Aviez-vous affaire à des vrais fans qui connaissaient bien le back-catalogue?
Oui, ils connaissaient tout ! Aussi bien les morceaux d'Accept que ceux d'UDO. Notre dernier album en date était d'ailleurs particulièrement populaire là-bas, j'ai remarqué. Ça m'a à la fois surpris et touché. Même à Vladivostok, on a des fans ! (rires)

A quelle période de l'année étiez-vous là-bas ?
Hmm… En avril-mai tout d'abord, puis nous y sommes retournés en hiver. Il faisait très froid, mais en Allemagne nous avons aussi des températures très basses l'hiver, alors on n'a pas été trop gênés.

Ces derniers mois ont dû être très chargés pour vous : une tournée, puis un disque live, enchaîné immédiatement avec un album studio… Ca t'arrives de te reposer ?
En fait, je ne m'arrête jamais. Après la sortie de l'album Holy, en 99, nous sommes partis en tournée pendant 1 an et demi, au cours de laquelle nous avons enregistré le live, que l'on a mixé en juillet dernier, et une fois ce travail terminé, nous nous sommes tout de suite remis à composer pour le nouvel album. Tous les membres du groupes avaient des idées, et cette masse d'inspiration nous a permis d'aller assez vite. On a terminé l'album fin janvier. Pour composer et enregistrer, ça nous a pris 4 mois, ce qui est bien.

Et la nouvelle tournée commence quand ?
Elle commence le 28 mars, en Scandinavie.

Il y aura des dates françaises ?
Oui, on a pu en booker 5 ou 6, je crois ! On joue… euh… quelque part ! (rires, il sort un papier de sa poche). Alors on joue le 5 mai à Lyon, le 6 à Montpellier, le 7 à Bordeaux, le 13 à Paris, le 14 à Strasbourg, et le 15 à Lille.

Cool ! Vous jouerez partout en Europe ?
On a 11 dates en Scandinavie, 10 ou 11 en Allemagne…

Dont le Wacken Festival ?
Oui, on y sera. Ce sera la première fois. On fera aussi d'autres festivals en Hollande, en Italie…

Je suppose que les USA sont hors de question ?
Pas du tout, on a quelques dates prévues là-bas. Non mais alors !?! (rires)

Je croyais que le heavy-metal était au point mort aux States…
Oui, c'est le cas depuis quelques années. Mais lorsqu'on a contacté notre promoteur là-bas, il nous a dit : " Oui oui, il y a moyen de vous organiser quelques shows ici ! " Surpris, je lui ai demandé : " Ah ? Tu en es sûr ? " et il m'a assuré qu'il n'y avait aucun problème. Nous y sommes allés, et nous avons pu remplir des salles de 800 ou 900 personnes dans le Midwest. Mais sur d'autres dates, nous n'avons eu que 70 personnes ! (rires) Nous avons quelques fans aux USA, mais il est certain que ce n'est pas l'eldorado du heavy ! (rires)

Après tant d'années passées au service du metal, ne ressens-tu jamais de lassitude ?
Non, j'adore écrire de la musique et faire des tournées ! Tant que j'aurais encore le feu sacré, je continuerai !

Et le music business, ça ne t'écœure pas un peu ?
Ah, là c'est différent… Parfois oui ! (rires) Mais je ne dois pas me plaindre, car j'ai ma propre maison de disques, donc je ne suis pas à la merci d'un label quelconque. Je fais ce que je veux, je ne reçoit de pression de personne.

Quel est le pire souvenir de ta carrière ?
C'était du temps d'Accept. Nous donnions un concert à Londres. Tout se passait à merveille, quand au beau milieu d'une chanson, il y a eu une panne d'électricité. Plus rien n'a fonctionné pendant 20mn ! Il a fallu faire patienter le public, qui heureusement s'est mis à chanter en chœur. Stefan, encore batteur à l'époque, s'est lancé dans un solo. Mais tout le monde n'en pouvait plus d'attendre que le courant revienne, c'était très désagréable.

Et ton meilleur souvenir ?
C'est difficile d'en choisir un car j'ai bien plus de bons souvenirs que de mauvais, et j'ai vécu des super moments dans ma carrière. Il y a tout de même eu ce festival en Amérique, où nous avons donné un show monstrueux, et ce qui m'a fait plaisir, c'est qu'il y avait pas mal de gens du métier, dans la salle. Ils étaient tous là : Ozzy Osbourne, Mötley Crüe… Ça nous a vraiment touchés et motivés pour nous éclater sur scène !

Es-tu plus heureux aujourd'hui avec UDO, ou regrettes-tu le temps d'Accept ?
C'est difficile à dire. Je pense que je suis très heureux aujourd'hui, car UDO fonctionne bien, ce groupe m'apporte beaucoup de plaisir et me permets de m'exprimer à loisir. C'était pareil du temps où j'étais dans Accept, donc les époques sont bien. Mais dans la mesure où je peux toujours faire vivre la musique d'Accept aujourd'hui, sans les difficultés que j'ai rencontrées à la fin de ma collaboration avec le groupe, je pense pouvoir dire que je suis plus heureux maintenant…

Lorsque tu as quitté Accept…
… [interrompant] Je n'ai jamais quitté Accept ! (rires)

Ils t'ont viré ?
Non… C'était une décision mutuelle de tout arrêter. Nous nous sommes mis d'accord de part et d'autre pour mettre fin à Accept. Ce n'est qu'après, qu'ils se sont reformés.

Penses-tu faire de la musique toute ta vie ?
Quand je serai trop vieux ou que je me lasserai de composer et de tourner, je crois que je prendrai la casquette de producteur. Je ne jouerai plus, mais je pense que je continuerai encore longtemps à diriger mon label.

Uniquement dans le metal ?
Non, pas forcément. Toutes les musiques qui me plairont…

OK Udo, merci, nous te souhaitons une carrière encore riche et pleine de bonheur !