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INTERVIEW

Pourquoi avoir choisi Distress comme nom de votre groupe ?
Plusieurs choses importaient : il fallait que le nom sonne bien, soit facile à retenir, et surtout qu'il ait une signification très forte, si possible à multiples facettes. En anglais DISTRESS signifie détresse, angoisse, douleur ou chagrin. A première vue, c'est assez négatif, mais le but profond du groupe est d'explorer et d'exprimer tout ce qui nous torture pour pouvoir s'en débarrasser. Il n'y a pas de complaisance dans la souffrance mais bien une volonté et une rébellion extrêmement saines. Ca peut également être compris comme un signal de détresse, un appel, un rapprochement et un mouvement de l'intérieur vers l'extérieur.

Pouvez-vous vous présenter ?
DISTRESS joue un mélange de métal assez étonnant. Nos ambiances sont définitivement doom et très sombres, mais avec des rythmiques et des structures bien plus dynamiques héritées du death ou du thrash. L'important est de créer un ensemble cohérent et compact où les opposés s'affrontent. Sur The Mourning Sign on peut entendre des passages death ou même black, des guitares acoustiques, des ambiances gothiques, un chant très varié pour coller parfaitement aux différents climats, avec un très bon dosage, très fluides, de tous ces éléments. Je pense que DISTRESS possède une vraie vision personnelle et introspective de la musique, et surtout un esprit aventureux et totalement indépendant.

Racontez-nous votre histoire.
Laurent Haas (batterie) et moi-même (Philippe Miralles, chant et guitare) avons formé DISTRESS il y a environ 8 ans. Nous étions très jeunes et inexpérimentés, nous avons donc tout d'abord appris à jouer, puis nous nous sommes mis à la composition. Les premières années furent assez chaotiques et comme nous n'arrivions pas à trouver d'autres musiciens partageant la même vision du métal, qui est loin d'être évidente, nous avons enregistré notre premier album à deux. Close To Heaven est sorti en 2001 chez Thundering records. Puis Eric Lorentz nous a rejoint en tant que guitariste et est toujours dans le groupe. Il a enregistré The Mourning Sign avec nous. L'album devrait être dans les bacs quand vous lirez ces lignes.

Pense-vous compléter votre line-up en intégrant un bassiste pour la scène ?
C'est déjà fait depuis à peu près un an, et pas seulement pour la scène : Thibaut Xhaard est un membre permanent et le groupe s'est enfin stabilisé depuis son arrivée. Tout le monde participe à part égale et nous allons commencer une série de concerts très bientôt. DISTRESS ne s'est jamais mieux porté qu'en ce moment.

On vous donne l'étiquette de Doom death metal. Pouvez-vous nous donner les ingrédients qui composent votre musique ?
Je n'aime bien sûr aucune étiquette, mais quitte à résumer ce que nous faisons je préfère celle-ci à une autre. Cela indique à la fois la lourdeur et les émotions violentes qui sont la base même de notre musique. Dans DISTRESS, le côté «écorché vif » ressort aussi bien dans les passages violents qu'intimistes ou plus épiques. Comme je l'ai expliqué plus haut, nous prenons des éléments qui nous touchent dans plusieurs styles pour en ressortir quelque chose de fort et de personnel, qui aurait vraiment du sens, autant pour nous que pour celui qui écoute. Nous devons aimer ce que nous faisons avant tout, et ne pas avoir peur d'être vraiment sincère. Quand on a une vraie ambition artistique, aucune tricherie n'a sa place.

Close to heaven votre 1er album a été classé par Rock Hard dans les 10 meilleurs albums de doom de tout les temps. C'est impressionnant d'avoir ce genre de truc dans un CV, mais est-ce que cela vous a vraiment servit ?
Servi ? Pas vraiment. Mais ça fait très bien dans un C.V. et ça fait surtout vraiment plaisir et ça rassure. C'est un superbe compliment pour un disque qui n'était pas parfait mais qui avait le mérite d'être profond et sincère avec des mélodies inédites et un style très frais. D'un point de vue personnel, c'était déjà un début de reconnaissance et ça nous a rendu assez fiers du travail accompli.

Quels sont les groupes qui vous influencent le plus ?
> Il y a tout le doom anglais, surtout les vieux PARADISE LOST, ANATHEMA et MY DYING BRIDE, car ils développaient un style profond où l'accent était mis sur les atmosphères et une certaine liberté artistique, voire un certain romantisme. Ils faisaient un vrai travail d'introspection dans la musique et dans les textes, démarche qu'on retrouve dans DISTRESS. Nous avons été également très influencés par la puissance et la colère de groupes tels que DIMMU BORGIR, SAMAEL, DARK TRANQUILLITY, NEVERMORE ou les premiers MACHINE HEAD. OPETH devient également une grosse influence car c'est le style le plus fluide et limpide qui soit.

Quelle est votre méthode pour composer une chanson ?
On prend les mélodies comme elles nous viennent. En revanche, les structures, le placement du chant et tous les petits détails qui font la richesse des morceaux représentent un travail colossal. On essaie avant tout d'allier spontanéité et sophistication. Nous vivons quotidiennement dans un esprit créatif, et nous sommes constamment focalisés sur la découverte de nouvelles mélodies et la mise en forme de celles-ci.

De quoi parlent les chansons de The mourning sign ?
Par rapport à Close to Heaven qui était très égotiste et qui représentait surtout un replis sur soi, The Mourning Sign est davantage une ouverture sur le monde. En quelque sorte, Close To Heaven, c'était « moi parlant de moi-même pour les autres », The Mourning Sign serait davantage « le monde vu à travers moi ». Il me semble que le monde nous transforme malgré nous. C'est un album qui parle d'expériences, de déceptions, mais aussi d'espoir. Il y a tant de choses qu'on ne contrôle pas, ajoutées à nos propres erreurs et qui font qu'on se sent si impuissant ; comme si on vivait une vie dont le sens nous échappe.

The Mourning Sign raconte l'histoire d'un homme qui essaie d'échapper aux principes imposés, de briser le cercle de misère, les carcans fatalistes et qui veut reprendre possession de sa vie. La tristesse de Close To Heaven s'est muée en colère. On trouve une terrible révolte sur ce disque.

La pochette de The mourning sign est assez confuse, qu'est-ce qu'elle représente exactement ?
La pochette ne me semble pas confuse. Elle devait représenter avant tout les sentiments exprimés dans la musique. C'est une représentation visuelle d'un univers sonore, ainsi que le paysage intérieur de celui qui vit cette musique. Les couleurs froides et la complexité des images sont l'expression d'un monde dénaturé et hostile. L'aspect non-figuratif de la pochette permet à celui qui la voit de se l'approprier comme il l'entend et ainsi de se voir dans l'album comme par un effet de miroir. Faire plus évident aurait figé l'ensemble.

Quels sont vos projets pour les mois qui vont venir ?
Promouvoir The Mourning Sign bien sûr, et faire un maximum de concerts dans l'année qui vient, nous sommes donc ouverts à toute proposition. Nous pensons également à l'avenir et préparons le terrain pour notre prochain album.

Que pensez-vous d'internet ?
C'est un bon moyen de communication et de recherche. C'est aussi et surtout un nouveau bastion de la liberté d'expression, car non censuré. Ce qui explique d'ailleurs qu'on y trouve le meilleur comme le pire.

Pouvez-vous nous donner votre avis sur les fichiers mp3 et les copies de cd ?
D'un côté, ces nouvelles technologies sont en train de tuer l'industrie du disque, que ce soit les artistes ou les labels. D'un autre côté, il me semble que ce sont les plus grosses boîtes qui à terme en souffriront le plus, ce qui risque de mettre à mal leur monopole. Artistiquement, ça ne devrait pas être un mal. Tout artiste rêve de vivre de son art, mais on ressent aussi le besoin de diffuser notre art de manière plus étendue, ce que les MP3 et les copies permettent de faire. Le prix des CD est devenu démesuré, et ce qui se passe en ce moment remet en cause toute cette industrie qui a trop tiré sur la corde ainsi que cette taxation scandaleuse sur la création d'autrui.

Et pour finir un petit mot pour mes lecteurs ?
Vous êtes les bienvenus sur notre forum pour partager vos idées, coups de coeur et de gueule
(www.distress-music.com). J'espère aussi que vous viendrez nous voir en concerts, si vous en avez l'occasion.

 

Interview par mail du groupe français Distress, réalisée par Taranis en septembre 2004.