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INTERVIEW

Pourquoi avoir changé Descamisados, votre 1er nom de groupe en DSK ?
L’histoire est que personne ne nous appelait DESCAMISADOS mais tout simplement DESCA’. Il nous fallait remédier à cette situation qui nous semblait cocasse aussi bien que gênante. Les trois lettres se sont imposées à nous après un temps et nous ont permis par là même de traduire ce que nous souhaitions développer au sein du groupe. DSK signifie « Disruption of Soul and Kind ». Ce qui veut dire : dérèglement de l’âme et de l’espèce. C’est un peu comme cela que les formation de musiques extrêmes sont perçues et c’est comme cela que nous analysons le monde dans lequel
nous vivons. Reste à savoir lequel des deux est le plus déréglé.

Pouvez-vous vous présenter ?
DSK se compose de cinq membres. Kevin Lebas à la basse, Pierre Antonik et Benoît Moritz aux guitares, Nicolas Boury au chant et Marc Le Gigan à la batterie. Ce line-up est stable depuis environ un an.

Racontez-nous votre histoire…
Notre histoire est assez classique. Le groupe s’est monté sur les cendres d’une formation thrash d’il y a une dizaine d’années. De fil en aiguille, de départs en arrivées nous en sommes parvenu à cette composition que j’ai citée dans la réponse à la question précédente. Le mot d’ordre du groupe a toujours été de faire de la scène. C’est là que nous nous exprimons le mieux et c’est là que le public a la possibilité de vibrer le plus sur notre musique. Qui plus est, il est plus facile de trouver des plans concerts que des fonds pour un enregistrement convenable. Nous avons monté notre petit réseau et nos prestations ont fait tâche d’huile. C’est pour cela qu’en huit années d’existence DSK n’a sorti que deux mini-cd, un album live et un album studio. Cela pourrait nous être reproché mais nous avons gagné la confiance du public et des activistes de la scène extrême par nos concerts.

On vous donne l’étiquette de Ultra death metal. Pouvez-vous nous donner les ingrédients qui composent votre musique ?
Cette étiquette vient de nous même. Sans avoir la prétention de crier sur tous les toits que nous sommes géniteurs d’un genre nouveau et très original, nous sommes convaincu que notre musique n’est pas du thrash, ni du grind, ni du death metal mais peut être perçue comme en étant empreinte. Chacun d’entre nous a été profondément marqué par des passages de chansons, pour leur originalité, leur impact musical, leur ingéniosité, leur puissance émotionnelle et cela dans toute la musique rock. Nous tirons des leçons et gardons solidement ancrées au fond de nous ces passages qui fonctionnent toujours dans nos oreilles et cherchons à retrouver par le biais de DSK ces sensations. Nous essayons d’être cette fois-ci les géniteurs de ces émotions très fortes. L’ultra death metal c’est un mélange de metal extrême, de rock’n’roll, de hardcore.

Quels sont les groupes qui vous influencent le plus ?
Bien entendu, les groupes qui nous attirent sont très nombreux et la liste s’allonge quotidiennement. Mais ce qui nous attire le plus et nous façonne dans nos compositions c’est un esprit musical. Une manière de composer. Nous aimons le côté crasseux, le côté « une louche supplémentaire », le côté vitesse maîtrisée et placée au bon moment. Toute la vague hardcore/crust des années 80’ et 90’ avec NAPALM DEATH, EXTREME NOISE TERROR, SICK OF IT ALL, MINOR THREAT. Le thrash teigneux des groupes comme ANTHRAX, TESTAMENT, SLAYER. Le rock de Elvis Presley, les Beatles, Deep Purple, Entombed. Nous aimons la musique qui est jouée avec les tripes, qui pue la sueur, la générosité, la détresse et la colère. C’est cet esprit que nous revendiquons sur scène. Donner tout ce que l’on peut au public, se crever pour lui donner exactement ce qu’il venu chercher et c’est enfin pour cela que « …From Birth » sonne si direct et si cru. Nous voulions que les gens qui achètent le disque retrouve sur cd ce qu’ils ont vécu le soir du concert et que les gens qui ne nous ont pas vu, retrouvent sur scène l’énergie du disque.

Quelle est votre méthode pour composer une chanson ?
Notre méthode est très simple : se compliquer la vie ! Non, sérieusement. Nous accouchons toujours de nos chansons dans la douleur. Cela s’améliore car nous avons compris qu’il était plus simple de jouer de A à Z un nouveau morceau et ensuite améliorer par tous les moyens son impact. C’est nouveau pour nous car auparavant, nous tentions de corriger riff par riff en oubliant de penser à leur place au sein du morceau. Ce qui nous amenait à des temps de composition affligeant. Parfois, l’un d’entre nous arrive avec une chanson admise dans son intégralité par le groupe. C’est rare mais cela peut se produire. Sinon, le plus souvent une chanson vient d’une seule personne sous forme de riffs et de thèmes qu’elle estime concorder ensemble. Le groupe au grand complet fait le tri, met les riffs et les thèmes dans le bon ordre, travaille les transitions de façon à toujours avoir une chanson qui va crescendo ou au moins un titre avec une dynamique constante.

Que représente exactement la pochette de From birth ?
Libre court à l’imagination…le titre évoque déjà sans les nommer toutes ces conséquences engendrées par la naissance. Conséquences positives ou négatives. La pochette du disque reprend forcément ce thème. D’un fond improbable naissent des formes surprenantes. Voilà tout ce que je peux te dire. L’objet annelé, qui est un seul et même objet, s’extirpe ou cherche à rentrer mais jamais ne semble pouvoir se reconstituer. Un peu comme si il se scindait, en désaccord avec lui même.

De quoi parlent les chansons de From birth ?
Les thèmes évoqués sont tous en relation avec la naissance. Tout ce qui est engendré même avec la meilleur volonté est voué à avoir des conséquences. A modifier en bien ou en mal la vie. Les textes sont très personnels et reflètent cette réalité qui est que plus les Hommes se multiplient, plus les chances de rompre un équilibre augmentent. Mais également, plus les Hommes engendrent d’autres Hommes plus nous aurons de chances d’engendrer des gens soucieux de notre devenir et du leur. Nous sommes notre loup mais nous sommes aussi notre seule chance.

Vous avez enregistrés votre album au fameux Walnut Groove Studio. C’était important pour vous de le faire là-bas ?
En nous rendant au Walnut Groove, nous avions la certitude de pouvoir approcher le son que nous souhaitions. Nous apprécions la rigueur des productions qui sortent de là et nous voulions pouvoir la mêler au son sale qui sort de nos amplis. Nous attendions un bon compromis de spontanéité et de justesse. De plus, Axel est un très bon ami à nous et nous avions besoin de ne pas aller à reculons en confiant notre projet à des mains inconnues. Même si c’est notre troisième production en studio nous sommes convaincu que c’est la première d’une nouvelle étape dans la carrière. Nous sommes devenus depuis les sessions de « …From Birth » de bien meilleurs musiciens, plus ambitieux sur leurs instruments et plus sûrs de la voie musicale tracée. Cependant, le prochain DSK sera mis en boîte à l’étranger (en Scandinavie) pour encore une fois confrontée notre musique à des ingénieurs du son habitués à ce style rock très dur. Nous avons reçu diverses productions qui nous séduisent et dont l’esprit est celui que nous recherchons.

Vous reprenez Walls of confinement de Napalm Death. Pourquoi ce titre ?
Nous sommes très attaché à ce groupe. Il propose toujours la même recette efficace de laquelle nous nous sentons proches. Une sorte de hardcore mélangé à du metal extrême. Cela va vite, cela sonne très sale, puissant, violent et c’est une groupe qui a un sens du groove qui nous plaît. De plus, nous tenions à jouer un titre ancien et assez mal connu car nous suivons ce groupe depuis ses débuts et nous sommes resté attaché à ses premières salves qui surprenait réellement l’underground.

Quels sont vos projets pour les mois qui vont venir ?
Jouer le plus possible en concert. Préparer les nouvelles compositions pour le prochain disque en progressant sur nos techniques instrumentales respectives de façon à ce que chacun puisse proposer tous types d’idées. Nous ne devons plus connaître de limite de vitesse, de vélocité. Tous les membres de DSK doivent être prêts à braver de nouvelles directions musicales. Il n’y aura sans doute rien de très surprenant ni de flagrant mais nous travaillons à rendre notre musique toujours plus brute et violente. Le prochain disque sera vraiment très sale et hardcore mais aussi très divers. Nous essayons de ne pas nous fixer de limite musicale. Il n’y aura pas de mélanges musicaux comme inclure des passages salsa mais chaque morceau aura sa propre personnalité et sa propre identité de façon à ne pas faire un disque uniforme qui ennuierait les auditeurs.

Que pensez-vous d’internet ?
C’est un outil magnifique. C’est la poste puissance 1 000 000 000 000. C’est pratique, salvateur. C’est un moyen de promotion artistique fantastique. Un moyen d’information, de dépannage. On peut tout faire avec internet. Il faut savoir chercher, frapper au bonnes portes, prendre le temps, organiser ses recherches mais c’est un outil passionnant.

Pouvez-vous nous donner votre avis sur les fichiers mp3 et les copies de cd ?
Il y a trois catégories de gens concernées. Les très puissants, les pas puissants du tout et ceux qui se situent entre les deux. Les très puissants ont des coups financiers qui dépassent l’entendement et le peu de pertes en terme de vente occasionné par le « piratage » est déjà désastreux. Les petits sont toujours les perles rares, des sortes d’irréductibles de l’underground qui attiseront toujours les curiosités et seront difficiles d’accès et n’ont rien à perdre puisque ils savent dès le départ qu’il n’y a rien à gagner dans leur position. Ceux du milieu aspirent à se tirer un peu plus vers le haut car c’est une dynamique dans laquelle ils sont déjà. Mais perdre quelques centaines de vente les bloquera dans cette ascension car ces ventes en moins représentent des rentrées d’argent perdues pour investir un peu plus en communication. Pas de communication, pas de représentation aux yeux du public. En tant qu’amateur de musique, je préfère concentrer mon budget sur des formations ou des artistes vraiment obscures qui me proposeront deux disques pour le prix d’un seul à la FNAC. Et je pense que le « piratage » n’empêchera pas METALLICA, DAVID BOWIE ou ALISEE de vendre à outrance leurs disques car ils ont de vrais fans qui leurs sont fidèles. Et si leur ventes de disques ne représentent plus la même part dans leur marché, ils leur reste toujours les salles de concert qu’ils remplissent facilement et les produits dérivés. Ils ne sont pas à la rue. Et pour les petits, le fait d’être « piraté » lorsque cela est possible est déjà synonyme de réussite. Le nom est recherché, il se propage. Les disques se vendront toujours aux concerts car le public veut retrouver le soir même chez lui, les émotions vécues quelques heures auparavant. Ils écouleront plus lentement leur stock mais il partira quoi qu’il en soit.

Et pour finir un petit mot pour mes lecteurs ?
Un grand merci à vous tous pour avoir lu cette interview jusque son terme. Soyez toujours curieux, supportez vos scènes locale. Merci du fond du cœur.

 

Interview par mail du groupe français DSK, réalisée par Taranis en septembre 2004.