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INTERVIEW

Bonjour Olivier, peux-tu te présenter à mes lecteurs ?
Bonjour Taranis. Je viens de terminer le DVD : « DOCUMENTS 1999-2004 » de KILLERS. Je suis sorti de l’E.S.R.A (Ecole Supérieure de la Réalisation Audiovisuelle) de Nice en 1998, spécialisation scénario / mise en scène. Ensuite j’ai participé à de nombreux courts-métrages avant de m’équiper de mon propre matériel de montage et de tournage pour réaliser mon premier court-métrage semi-professionnel « SPIRIT… » (Disponible en téléchargement libre sur e-mule).

Depuis combien de temps tu écoutes du metal et quels sont les groupes que tu préfères ? Ça fait bien une quinzaine d’années que j’écoute du métal. En ce qui concerne mes groupes préférés, c’est vraiment une question piège, il y en a tellement. Dès qu’il est question de saturation, si la musique me parle avec plein de mélodies, c’est dans la poche. Ca peut aller du punk-rock (NOFX, NO USE FOR A NAME…) au HEAVY METAL (IRON MAIDEN, HELLOWEEN…) en passant par le métal dit féminin (ANTHEMON, TRISTANIA, AFTER FOREVER…). J’adore tout ce qui est atmosphérique et dépressif avec plein de chœurs empreints de mélancolie qui se rapprochent des bandes originales de film (THERION, EPICA, DARK SANCTUARY…). Le Black et le Death Metal pur j’ai plus de mal à accrocher. Je trouve ça trop répétitif et fatiguant à la longue. Ce qui ne m’empêche pas d’en écouter de temps en temps. A petite dose ça ne fait pas de mal. Par contre tout ce qui est hybride entre le DEATH, le BLACK et le HEAVY METAL (DARK TRANQUILLITY, DIABOLICAL MASQUERADE, FAERGHAIL), ça me donne la patate.

Tu viens de réaliser le DVD de Killers, comment as-tu obtenu ce travail ?
En fait je suis « fan » de Killers depuis « Cités interdites » et leurs albums ont toujours été des événements importants pour moi. Lorsque « MAUVAISE GRAINE » est sorti, je faisait un peu du porte à porte auprès des groupes de métal français. J’ai adoré l’album. Comme je n’avais jamais été à un concert de KILLERS et qu’ils jouaient à Martigues (200 kilomètres de chez moi), j’ai proposé à Bruno de venir les filmer. Il a accepté. J’y suis allé avec un ami, on a réalisé une interview et on a filmé le concert. De retour chez moi je n’ai pas été satisfait des images. Lorsque j’ai fait part de mon opinion à Bruno, il m’a proposé de venir les filmer le week-end suivant à Toulouse. Suite à ça quelques temps avant la sortie de la réédition de « MISE AUX POINGS », Bruno m’a demandé si je pouvais monter quelque chose. J’avais une semaine pour le faire et ce fut la naissance de « GRAINES 2001 ». Ensuite on a parlé du Wacken, de leur épopée, de leurs images et je me suis proposé d’en faire un montage. C’est là que l’aventure a vraiment commencé.

Tu as passé 2 ans dessus, ça pas dû être drôle tout les jours ?
Effectivement. Nombres de galères me sont tombées dessus. J’ai un disque dur qui a claqué. Plusieurs fois j’ai perdu des segments du Wacken, j’ai dû réinstaller intégralement ma machine (200 fois au moins). Simon Pirus m’a aidé pour la maintenance informatique. Il est quand même resté presque 8 mois à mes côtés pour remettre en ordre mon ordinateur qui plantait tout le temps. J’ai un mauvais fluide avec ces bêtes là. En ce qui concerne le Wacken, la principale difficulté était de raconter quelque chose avec des images amateurs. J’avais 12 heures de film dont 6 heures de route et donc un travail colossal de dérushage. Il m’a fallu un peu plus d’un an pour en extraire les 21 minutes qui se trouvent sur le DVD.

Sont arrivés les trophées. Ta caméra avait une colorimétrie vraiment différente de celle de Bruno et de la mienne. C’est la première fois que je me suis occupé de l’étalonnage des plans et aujourd’hui encore je ne suis pas entièrement satisfait du résultat.

Pour LE COTE LIVE le gros souci venait qu’on a filmé à 5 caméras dont 4 grand public à deux concerts différents. En plus des problèmes d’étalonnage des couleurs, je me suis heurté à de la re-synchronisation permanente. Le concert le plus beau au niveau image n’est pas celui que Bruno a gardé pour le CD Audio DU COTE LIVE. Toutes les 3 secondes en moyenne je devais changer de plan si je ne voulais qu’on décèle la moindre désynchronisation. Sans compter qu’en étant cadreur unique j’ai choisi mes axes de caméra en fonction de KILLERS sur scène et forcément, dès que Bruno, Thierry ou Titi se déplaçait, ça a donné des résultats parfois foireux?. Au final 6 mois de travail pour ce concert et je suis très content du résultat. En fait la partie qui a été la plus plaisante à monter fut la réalisation du clip « HM2002 ». Je me suis amusé à mettre les plus beaux plans que j’avais filmés au cours de tous les concerts de KILLERS (une bonne vingtaine) et ça malgré le fait qu’il a fallu que je ralentisse toutes les images pour être synchro avec la version studio du morceau (plus lente).

As-tu eu quartier libre au niveau du montage ou est-ce que le groupe a imposé une vision directrice ?
J’ai été très libre. En fait je montais dans mon coin et quand j’avais un segment à montrer, je l’envoyais à Bruno. Je lui disais qu’il me soulève tous les points qu’il n’aimait pas. J’attendais toujours le verdict avec une certaine appréhension. En définitive je n’ai presque rien eu à changer. J’ai toujours fait en sorte d’être fidèle à l’image du groupe et là où je suis content c’est que KILLERS ne m’a jamais reproché mes choix (mise à part une longue discussion avec Bruno au sujet de DELIRE DE MORT.

Le fait que tu ne sois pas un professionnel et que l'on t'ai donné ce travail, a dû te motiver encore plus, mais est-ce que la pression n'est pas amplifiée par la même occasion ? Comment as-tu géré tout ça ?
La pression ? Je n’ai pas ressenti de pression spéciale venant de KILLERS étant donné que j’ai toujours été libre de réaliser ce que je désirais. La seule réelle grosse pression vient du fait qu’il faut contenter les fans et ceux qui vont acheter le DVD. Ils ne sont pas dupes et ont l’habitude de voir des produits professionnels avec de gros moyens. La pression vient donc de la difficulté à donner un produit le plus parfait possible, le plus professionnel, avec des moyens hyper limités.

De plus l’ambition d’arriver à un tel résultat a été stimulée par l’évolution de la technologie numérique. Cinématographiquement parlant certains réalisateur (trice)s utilisent la vidéo dans le but de diffuser leur film en pellicule. Je n’ai rien contre ça d’autant plus que ça revient moins cher. Cependant, bien trop souvent ces réalisateur(trice)s reconnu(e)s, qui ont de l’argent pour faire de belles choses, se contentent de nous sortir des images dégueulasses en se cachant derrière une soi-disant volonté artistique pour voiler les faiblesses de leur scénario dans un art auquel ils ne croient plus. Personnellement, j’ai donc voulu au travers le DVD de KILLERS, en étant conscient des difficultés auxquelles j’allais être confronté, prendre le contre pied total de cette façon de faire. C’est à dire tout faire pour qu’à partir d’images de caméscopes non professionnels on arrive à un produit de qualité professionnelle. Aujourd’hui ce n’est pas à moi de juger du résultat final. Seuls ceux qui verront le DVD et qui en feront des critiques (les fans, le metalleux, les metalleuses, les magasines et les professionnels) pourront me dirent si mes ambitions ont été atteintes ou non.

Malgré le fait que tu as fait du bon travail sur ce dvd je suppose qu'il y a des choses que tu aurais voulu être différentes ?
Comme toute personne s’enfermant dans un projet à une date donnée et en ressortant 2 ans plus tard. On n’a plus le recul nécessaire pour juger de notre travail. On a tellement vu ce que l’on a monté, on a tellement donné pour mener à bien le projet qu’on en vient à renier certains aspects de nos propres réalisations. La seule chose que je regrette vraiment c’est de ne pas avoir pu travailler avec un peu plus de moyens sur LE COTE LIVE avec un cadreur derrière chaque caméra et du matériel de captation d’image plus professionnel. Paradoxalement je ne regrette pas ce travail, loin de là. Au moins j’espère avoir réussi à prouver que ce n’est pas parce qu’on n’a pas du matos pro avec un budget limité, que forcément on va sortir un produit amateur.

As-tu d'autres projets vidéo avec des groupes de metal ?
Eh bien tout d’abord j’aimerai pouvoir réaliser un vrai clip pour KILLERS et être présent aux 25 ans du groupe (si ça se fait) pour immortaliser ça. Si en plus il y a du matos pro et des cadreurs derrière chaque caméra ;-). Sinon je travaille sur un clip pour ANTHEMON et il y aurait peut-être moyen de réaliser un clip pour DEATH BY DESIGN. J’espère pouvoir travailler à la longue avec de nombreux autres groupes (connus ou non) car je crois que le clip est un bon compromis entre la musique que j’aime et le style d’histoires que je veux raconter.

Je crois que tu as d'autres projets vidéo autre que dans la musique, peux-tu nous en parler ?
Bien sûr. Ça fait un peu plus d’un an que parallèlement à l’élaboration du DVD de KILLERS je prépare mon second court-métrage semi-pro qui je l’espère deviendra mon premier court-métrage professionnel. C’est un film d’horreur gothique, sensuel, étrange, violent, perdu dans entre l’espace et le temps. Je suis en train de voir avec différents groupes de métal pour la bande originale du film (dont KILLERS et ANTHEMON). Parallèlement à ça, je suis en train de réécrire en collaboration avec un ami scénariste, un long métrage fantastique que j’ai écrit en 1998. C’est sur la mythologie du Dieu Pan et c’est le premier volet d’un triptyque sur Dieu et la Religion. Le métal y aura bien sûr sa place.

Et pour finir un mot pour mes lecteurs ?
Achetez tous le DVD de Killers ! Vous ne serez pas déçus ;-)

 

Interview par mail de Olivier Nelli, réalisateur du dvd de Killers, réalisée par Taranis en décembre 2004.