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INTERVIEW

Votre 3ème album, "The buried crown" sera dans les bacs le 28 mars, n'êtes-vous pas trop anxieux ? Si, bien sûr, nous espérons vraiment que l’album va être bien accueillit aussi bien par les fans que par les médias. Et puis cette fois la distribution va être plus conséquente et plus active. De plus, il s’agit à notre avis d’un album clef dans notre carrière donc c’est un peu stressant d’attendre et d’être dans l‘expectative même si nous sommes relativement confiants.

Parlez-moi du concept, qui est la suite de vos albums ?
La scène démarre à bord d'un bateau. Colwin est réveillé par le chant des sirènes et se souvient avoir été capturé par Refsnar, capitaine sanguinaire des armées d'Alifaar/Raistlin. Le but de cette introduction est de restituer l'état général de Colwin à son réveil. Il est sur un bateau, prisonnier, il a reçu un mauvais coup est semble vraiment sonné. De plus, la mer est un peu agitée et le bateau tangue. Il lui semble avoir été tiré de son sommeil par un mélange de chant de sirènes et d'une petite voix qui lui remémore les évènements passés. L’intro enchaîne ensuite sur Warhead. Cette chanson possède trois fonctions conceptuelles. La première est de présenter la capitale assiégée de l'empire de Ravenland à savoir Warhead. L'ancienne cité royale gouvernée jadis par le jeune Thomen est maintenant sous le joug des armées d'Alifaar/Raistlin. La deuxième fonction est de présenter ce personnage sanguinaire qu'est Refsnar. Capitaine des armées, il est plein de vices, immoral et corrompu par le mal. La troisième fonction est de dévoiler l'état d'esprit d'Alifaar/Raistlin à ce moment précis de l'histoire. Il est devenu un être solitaire, cruel et démoniaque. Dans Sea of hate, l'action se focalise sur le bateau où sont prisonniers les deux guerriers Maltaar et Colwin ainsi que l'humain et l'elfe. Nos compagnons sont détenus dans les cales. Nous apprenons deux choses primordiales pour la suite du concept. Premièrement, Thörick et Garwin (le nain et le gnome) ont échappés à Refsnar lors de l'arrestation à Warhead. Nous ne savons pas à ce moment où ils sont ni ce qu'ils vont faire. Deuxièmement, Alifaar/Raistlin est sur le bateau. Dans King of Thylia, Colwin se rend compte avec amertume qu'il n'est plus le roi de Thylia, et que son peuple lui manque énormément. Il est ensuite tiré de ses rêves car il commence à régner une grande agitation sur le bateau. En effet, Cryptock, le capitaine du navire se mutine afin de délivrer son équipage… il vient alors proposer son aide à Colwin et ses compagnons. Nous quittons la scène alors que se prépare un combat entre nos héros et les sbires de Raistlin à bord même du bateau. Dans Ghouls of time nous retrouvons Thörick (le nain) et Garwin (le gnome) qui ont échappé à la rafle de Refsnar à Warhead. Nous voulions évoquer leur course contre le temps face à la mission qui les attend (dont vous ignorez tout à cet instant précis). Cette course contre le temps, nous l'avons symbolisé par des monstres qui se nourriraient du temps ; comme des goules se nourrissant de chaire humaine. L'image cauchemardesque des goules du temps est alors née. Conceptuellement, la chanson tourne autour de cette idée. Thörick et Garwin traversent maintenant la forêt de Lethya, endroit maléfique et territoire d'une elfe malveillante bannie par son peuple et devenue la sorcière de la forêt d’où le titre Witch of the forest. Nos deux compagnons sont terrifiés, ils sentent la présence maléfique. Alors que la sorcière s'apprêtait à leur barrer la route, un groupe d'elfes fait son apparition et guide nos amis vers la sortie de la forêt. Le titre éponyme The buried crown reprend une tradition conceptuelle d'Elvaron : une introspection des personnages. Les couplets ont pour fonction de présenter l'état d'esprit de Colwin, avec l'évocation d'une couronne enterrée [The buried crown]. Il est question de trahison, d'abandon, de solitude et de repli sur soi. Les refrains présentent l'état d'esprit d'Alifaar. Il procède à une interrogation sur lui-même, sur son statut d'homme de pouvoir et plus particulièrement sur son droit de vie et de mort sur les gens. Dans One last season, nous retrouvons Thörick et Garwin. Il devient assez clair maintenant que leur mission est d'aller au royaume de Thylia pour monter une armée et sauver Colwin et ses compagnons prisonniers sur le bateau. Les instructions de Colwin étaient de retrouver Xedath, son homme de main, et de lui confier ensuite la direction militaire. Mais à l'entrée de Thylia, la première chose que Thörick et Garwin voient est la tête de Xedath au bout d'une lance. Refsnar avait deviné le plan de nos compagnons. Thörick et Garwin sont repérés, attrapés et jetés dans les geôles du château de Colwin ; où se trouve déjà la majorité de son armée. Après quelques jours, tout espoir semble perdu alors que des voix s'élèvent et scandent le nom de Colwin. Quelques hommes ont pu s'évader et font sortir tout le monde. La confrontation entre les guerriers de Colwin et l'armée de Refsnar semble inévitable. Elle se déroule dans l'enceinte même du château. Le combat fait rage ; Thörick est atteint par une flèche et se retrouve à terre. Son honneur de nain lui interdit de mourir ici sans avoir triomphé. Il songe alors aux chants de gloire qu'on écriera en son nom, racontant comment il s'est relevé et a vaincu l'ennemi… mais il semble sombrer vers la mort. L’album se termine par The Heroes' tale. L'action se déroule plusieurs décennies après ces événements. Nous voulions donner l'idée d'une troupe de ménestrels chantant les hauts faits de Colwin, Maltaar, Thörick et des autres aventuriers… comme une chanson de geste.

Est-ce qu'une suite est prévue ?
Pour l’instant nous en discutons activement. Le fait est que j’aimerais explorer d’autres univers que l’heroic-fantasy. J’envisage de me diriger vers un concept d’anticipation mais je ne sais pas encore lequel… Il faut que je me renseigne au niveau des droits car il ne s’agira plus d’un concept « libre de droit » comme celui d’Elvaron dans le sens où il est tiré d’une nouvelle écrite par Seek, notre ancien claviériste. J’avais dans l’idée de me baser sur Hyperion de Dan Simmons mais il a bloqué toute utilisation de ce livre car il sont en train d’en faire une superproduction hollywoodienne… Donc je cherche encore, je lis beaucoup, mais je pense m’orienter vers un auteur français avec qui nous pourrions vraiment collaborer. Néanmoins je suis conscient que l’histoire ne se termine pas dans The Buried Crown et qu’il faudra qu’on revienne dessus un jour pour y mettre un terme… Les fans devront attendre, tout comme Nico et moi attendons que Stephen King donne une suite au cycle de la Tour Sombre lol.

Petite nouveauté sur l'album, c'est la présence de véritables instruments classiques. Connaissant le budget des groupes français, je suis surpris de leurs présences. Comment avez-vous fait ?
C’est très simple, ce sont tous des amis avec qui nous sommes allés au Conservatoire Nico et moi. Nous avons la chance de connaître beaucoup de musiciens et pas seulement dans le milieu du métal. Je dirais que 98% de nos amis font de la musique et certain de manière professionnelle en orchestre ou en tant qu’enseignants. Ils connaissent et suivent Elvaron depuis pas mal d’années pour certains. Moi-même je vis avec une bassoniste ! [qui joue d’ailleurs sur The Buried Crown]. Question budget, je précise qu’ils ont tous joué bénévolement, autrement cela n’aurait évidemment pas été envisageable.

Lors de la dernière interview, vous me disiez que vous recherchiez un claviériste. Il semblerai que vous l'ayez trouvé en la personne de Lindsay Messaoudi. Pouvez-vous nous la présenter et nous expliquer comment elle s'est retrouvé dans Elvaron ?
J’ai rencontré Lindsay en novembre 2003. En fait elle chante dans le groupe de Fred, notre batteur. Un jour elle est venue en répétition et a manifesté l’envie de tenter une audition au poste de chanteuse. Après quelques semaines, nous sommes arrivés à la conclusion que ça ne fonctionnait pas vraiment. C’est à ce moment que j’ai apprit qu’elle était également pianiste depuis toute petite. La place étant vacante ; elle a donc emprunté le clavier d’un ami et s’est mise à bosser à fond les partitions d’Elvaron. En mars, elle était prête pour les répétitions et nous avons fait quelques scènes avec elle avant l’enregistrement. Elle s’est parfaitement intégrée à Elvaron et elle me donne un coup de main pour la promo ainsi que pour trouver des concerts. Nous allons tout de même profiter de sa voix pour certain chœurs sur le prochain album et nous envisageons d’écrire une sorte de trio vocal (Lindsay, Nico et moi) pour une chanson.

En écoutant "The buried crown" j'ai l'impression que le prog à pris le dessus par rapport au metal. Le clavier est très présent, est-ce le début d'un changement de style ?
Je crois qu’au delà d’un changement, il s’agit davantage d’une évolution naturelle d’Elvaron. Avec The Five Shires, le synthé faisait son apparition mais les compos étaient encore écrites pour 2 guitares. Aujourd’hui le synthé représente un instrument aussi important que la guitare. De plus, nous avons développé une réelle thématique qui est surtout mise en valeur par le synthé. En ce qui concerne le prog, je suis tout a fait d’accord. Mais, là encore c’est la même chose, c’est très naturel. C’est en trouvant des riffs ou des mélodies que je me dis ensuite « tiens, c’est du 7/8 ». Nous ne faisons jamais l’inverse… du prog pour le prog, ce n’est pas vraiment la politique d’Elvaron. Les ébauches des chansons du prochain Elvaron laissent envisager un côté encore plus progressif mais également plus métissé dans les influences grâce à l’arrivée de Fred et Lindsay. Je dois te l’avouer, Fred est un vrai malade lol. Ses compos sont vraiment barrées.

En regardant la pochette de "The buried crown" j'avoue être déçu. Pourquoi avoir choisi cette pochette?
Ah oui, ma mère me dit la même chose ! Moi je l’adore, ça correspond parfaitement avec l’idée que je voulais faire ressortir. Le concept est très sombre avec une fin assez pessimiste. L’idée de la couronne enterrée est excellente [concept que j’ai dérobé à mon excellent ami Hugues Renault, guitariste du groupe Faubourg Montmartre, qui joue le solo de Sustenance de l’album Mages Battle]. Mais je comprend que certains attendaient quelque chose de plus « épique » venant d’Elvaron. Mais nous voulions également casser cette image de groupe Heroic-Fantasy car elle est vraiment devenue nuisible en ces temps tourmentés. Le concept n’est qu’un prétexte pour écrire des paroles. Je ne pense pas que la musique soit là pour véhiculer un message social ou politique… je ne me vois pas écrire sur ce genre de sujets. Voilà, j’espère qu’elle plaira à d’autres personnes !

Matt, peux-tu me dire où en est le projet avec Alain Germonville ?
J’ignorai que tu étais au courant de ce projet. Nous sommes encore en pré-production mais j’ai réussit à réunir pratiquement tous les musiciens que je voulais voir apparaître sur ce disque. Pour ceux qui ne sont pas au courant, je vais éclaircir un peu l’affaire. Alain [ex-Scarve] et moi nous connaissons depuis très longtemps. J’avais déjà enregistré une maquette pour son groupe avant qu’il ne rejoigne Scarve. A l’époque déjà, il m’avait vraiment impressionné vocalement. Je crois que c’est l’un des meilleurs chanteur de la scène métal extrême. Je lui ai proposer de monter un projet de black métal progressif – conceptuel évidemment – et nous bossons dessus depuis pratiquement 2 ans. L’idée était de faire un « all-star band » avec des membres permanents et aussi plein d’invités. Julie [Dying Tears] assure donc les claviers, Adeline [Resilience, ex-Akin] assure les voix féminines, Nico [Elvaron] est à la basse, Alain au chant et moi aux guitares. Nous n’avons pour l’instant pas de batteur attitré puisque c’est moi qui m’en occupe pour le moment. Sans dévoiler le concept, nous avions besoin de 7 guitaristes différents qui viendraient faire des soli. Alex Hilbert [Nightmare], Thibault Coisne [Siren’s Call], Pascal Lanquetin [Carcariass], Alexis Baudin [Mortuary], Alain Aimé [ex-Fisc] et Stephan Forte [Adagio] ont déjà confirmé leur présence et certains ont même déjà enregistré leurs solos. Il ne me reste qu’à avoir l’accord de Replica Records pour que Patrick Rondat se joigne à l’équipe. En plus de tout ce petit monde, il y aura des amis musiciens qui viendront jouer les instruments classiques (flûte, hautbois, basson, violon, violoncelle). Voilà, nous n’avons aucun budget, pas de label ni de distributeur mais c’est un projet qui nous tient à cœur et qui prouve surtout que les relations entre groupes français existent.

Et pour finir un mot pour mes lecteurs ?
Pareil qu’en 2004. Continuez à faire confiance à Taranis pour ses choix musicaux. Ne vous laissez pas aveugler par le système médiatique… aujourd’hui Evanescence… et demain Les Musclés ? Arretez de consommer la musique comme si c’était de la Danette© de Danone©. Retournez chez vos disquaires, écoutez, découvrez, socialisez vous et reprenez le dialogue entre métalleux, souvenez-vous de vos échanges de K7 au lycée, allez aux concerts, lisez le livre de Fabien Hein, arrêtez E-mule, éteignez vos PC… et bises à tous.

 

Interview par mail du groupe français Elvaron, réalisée par Taranis en mars 2005.